L'affaire de
Rennes
Extrait 1 du livre "Les clés d'or du trésor de
Rennes-le-Château"
Le visible n'est que la trace de l'invisible.
Léon Bloy
Dans le cadre de cet
ouvrage, nous ne tenterons pas de retracer l'histoire de Rennes-le-Château, ni des
personnages insolites qui furent les acteurs de cette ténébreuse affaire. Depuis la
parution en 1967 de l'ouvrage de Gérard de Sède, moult auteurs ont traité de ce sujet
avec talent et compétence. Nous ne voulons pas ici les paraphraser.
Notre démarche est tout
autre: sortir des sentiers de l'anecdote, de la petite histoire certes étroitement
imbriquée avec l'Histoire de l'occident , afin de mettre en lumière les éléments
de cryptages et, in fine, tenter de résoudre cette passionnante énigme,
certainement la plus extraordinaire de tous les temps.
Comme le disait un maître
du jeu d'échecs: Le noble jeu a ses abîmes dans lesquels plus d'une âme noble a
sombré. Nous sommes conscients des risques que comporte une telle entreprise.
Cependant, nous montrerons qu'il existe un fil d'Ariane, permettant au chercheur de
s'orienter dans cette énigme à première vue nébuleuse. Choisissez une bonne
lanterne, disait le grand Rabelais. Nous préciserons et démontrerons la
méthodologie mise en place par les abbés Boudet et Saunière, et nous donnerons les
jalons qui ont balisé notre recherche.
Nous découvrirons que
derrière tout cela se cache quelque chose d'exceptionnel, tant par l'harmonie,
l'intelligence, le génie du cryptage, que par ses implications hermétiques, mystiques et
ésotériques. Mais la plus belle émotion que nous voulons faire partager aux lecteurs,
c'est ce grand mystère qui est à l'origine de toute connaissance et de toute initiation.
Un trésor mythique ou
réel ?
Voici ce que dit le Seigneur
Je vous
donnerai les trésors
cachés et les richesses secrètes et inconnues
Isaïe XLV 1-3
Nous partons de l'axiome
suivant: il existe dans la région des deux Rennes un dépôt matériel et/ou spirituel de
toute première importance. Ce fut notre intuition première, notre primum
movens, que nos découvertes ultérieures n'ont fait que confirmer irréfutablement.
La tendance actuelle de
certains chercheurs consiste à nier l'existence d'un dépôt matériel, et de ne voir en
Saunière qu'une âme égarée vivant de simonie, de trafic et d'escroquerie. Ils arguent,
en faveur de cette thèse, la comptabilité de l'abbé.
Cet argument est doublement
spécieux: d'une part, un blanc subsiste pas moins d'une décennie entre
1897 et 1907; d'autre part, il n'est fait nulle part mention, dans ce type de thèse, du
système codé de l'abbé Boudet, parallèlement à celui de Saunière. De plus,
précisons que les dépenses de Saunière ne peuvent en aucun cas s'expliquer par un
trafic de messes.
Chacun connaît les travaux pharaoniques
qu'il mena au cours de sa carrière ecclésiastique. Le trafic de messes, les dons de
toute nature émanant de personnages généreux, ont certes contribué à enrichir
l'abbé, mais ne peuvent justifier à eux seuls l'initiative et le financement de projets
aussi ambitieux et coûteux. D'autres projets de grande envergure étaient d'ailleurs en
cours à la fin de la vie de Saunière.
Inversons plutôt le
problème: Saunière, en homme de bon sens, n'aurait-il pas plutôt cherché à camoufler
son trésor en trafic de messes ? Les enquêteurs de police connaissent bien cette
attitude, chez certains suspects, consistant à dissimuler un grand crime en
avouant un petit délit peu justiciable.
Cette comptabilité
d'épicier, relative au trafic de messes et aux dons sollicités et dûment perçus,
constitue à notre sens le meilleur paravent permettant, en cas d'enquête diocésaine, de
justifier toutes ces dépenses somptuaires, incompatibles avec le niveau de vie d'un
modeste curé de campagne. Et ce, fut-ce au risque d'une condamnation émanant des
autorités ecclésiastiques !
En outre, si l'acte de
simonie était si lucratif, il y a fort à penser que l'abbé Saunière aurait fait de
nombreux émules et aurait suscité bien des vocations ! Or, chacun sait que le trafic de
messes n'a jamais vraiment nourri son homme ou son curé.
Il est surprenant de
constater que le curé de Rennes-le-Château agit sans la moindre discrétion, en dépit
de toute prudence, fut-ce la plus élémentaire. Tant s'en faut, ce dernier agit
ostentatoirement, profitant de toute occasion pour se faire remarquer, autant par ses
dépenses que par ses actes, par ces choix décoratifs étranges et insolites bien
que dans le style saint-sulpicien de cette fin du XIXe siècle , ou encore par son
côté amphitryonique.
Que faisait en effet une
grande diva de l'opéra, Emma Calvé, chez un obscur curé de campagne ? Honni soit qui
mal y pense. Cependant, tout cela suscite bien des questions: pourquoi la mention TERRIBILIS
EST LOCUS ISTE au fronton de son église ? Pourquoi placer un diable à l'entrée
même d'un édifice religieux ? Quel but secret et mystérieux poursuivait Saunière en
détruisant et bouleversant nuitamment les tombes de son cimetière, et en effaçant les
inscriptions lapidaires qui s'y trouvaient gravées ? Pourquoi la silhouette de la tour
Magdala se dresse-t-elle, comme une énigme de pierre, au-dessus du ruisseau de Couleurs ?
Fantaisie, délire
mégalomaniaque du propriétaire des lieux ? Ou au contraire, mise en place d'indices
essentiels ? Nous verrons que c'est la seconde hypothèse qu'il faut retenir. Mais comme
le disait Pythagore: C'est aux humains dont la race est divine, à discerner l'erreur
et à voir la vérité.
Le dragon d'or
de l'abbé Boudet
Si je l'ai découvert, c'est que